Voici dix ans, Paul Ardenne livrait avec Art, l’âge contemporain une synthèse qui fit date, présentant dans toute sa richesse et sa complexité la création plastique du dernier tiers du XXe siècle. Art contemporain, Just in Time est la suite de cette étude. L’auteur s’y consacre à l’examen des formes plastiques ayant émergé depuis les années 1980, une production artistique profuse qu’il analyse en qualité de chercheur en esthétique mais aussi de témoin direct.
L’affaiblissement des postures radicales et modernistes, l’irruption conjointe de la postmodernité enregistrés par les trois dernières décennies ont pour effet une rapide mutation culturelle, immédiatement sensible dans le champ des arts plastiques. L’âge des avant-gardes, définitivement, est révolu, l’art échappe aux lois, aux dogmes, aux manifestes. Son sens, du coup, devient plus incertain, de même que ses méthodes, sa fonction sociale. Cette plus grande incertitude à cerner la définition de l’art et, partant, la fonction même de l’artiste aboutit à une crise de l’autorité du point de vue, avec son inévitable conséquence, une poétique à la fois débridée, interrogative voire erratique. Nul domaine de la « vie » – esthétique, social, politique – sur lequel la création ne vienne à présent empiéter, en un mouvement signalé à la fois par l’ouverture totale et l’expansion indéfinie des formes.
De cette nouvelle donne il résulte, à la fois, une création plastique en butte à la quête d’identité, confrontée notamment au problème générationnel, ainsi qu’une autre, plus expérimentale que jamais, élastique et mutante, variant concepts, méthodes, styles et finalités. L’art adopte un tour protéiforme, et offre une richesse plastique encore jamais connue. Cet essai en fait le tour, sans restriction, au risque assumé de la surabondance des entrées (elle est le décalque du réel), dans une perspective archéologique plutôt que critique : dire l’art tel qu’il est, et non ce qu’on voudrait qu’il soit.
Agrégé d’Histoire, docteur en Histoire de l’art, Paul Ardenne est maître de conférences à l’Université Picardie Jules-Verne d’Amiens (esthétique, art vivant, architecture). On lui doit notamment Art, l’âge contemporain (1997), L’Art dans son moment politique (2000), L’Image Corps (2001), Un Art contextuel (2002), Extrême - Esthétiques de la limite dépassée (2006), ainsi que Terre habitée - Humain et urbain à l’ère de la mondialisation (2005), un essai sur l’urbanité contemporaine. Paul Ardenne a également été commissaire de plusieurs expositions : Micropolitiques, Expérimenter le réel, La Force de l’art, Working Men…
