Peintre, sculpteur, architecte... Gino de Dominicis, artiste singulier et protéiforme, compte parmi les plus controversés de son époque. Il est difficile à appréhender par la rudesse de ses thèmes – corps, temps, immortalité –, desquels se dégage souvent un parfum de scandale. Personnage ambigu et séducteur, cultivant le mystère, un brun provocateur, De Dominicis, a su faire de sa vie un mythe, dont l’œuvre s’est elle-même nourrie.
Né à Ancône en Italie en 1947, il expose à l’âge de dix sept ans ses premières œuvres dans sa ville natale. Son refus formel de voir son travail reproduit dans les catalogues et revues d’art s’exprime dès 1969, année durant laquelle se tient sa première exposition personnelle à Rome et qu’il fait publier sa Lettre sur l’immortalité du corps, manifeste au sein duquel se dessinent les grands thèmes de son œuvre existante et à venir. Sa légende installée, le plasticien suit la ligne qu’il s’est lui-même tracée, se tenant volontairement à l’écart des mouvements de son temps. Vierge de toute glose explicative, privé de la visibilité que confèrent les catalogues et revues d’art, le travail de De Dominicis se présente au spectateur dans le rapport qu’il entretient avec la temporalité immédiate : rencontre frontale avec l’œuvre, en tant qu’expérience de l’instant présent.
Suspendre le temps afin de mieux lutter contre son écoulement, faire de la création artistique le moyen de contenir son irréversibilité. Telle est la grande affaire de l’œuvre de Gino De Dominicis, son « univers immobile », décrypté dans cet ouvrage par Gabriele Guercio à partir de la participation de l’artiste à la Biennale de Venise en 1972, avec la performance Deuxième solution d’immortalité : l’univers est immobile. Œuvre qui suscita nombre de polémiques.