Bijoux contemporains, une passion
Chantal Bizot – Nadine Coleno


 

Femme de lettres, journaliste, commissaire d’expositions…, Solange Thierry de Saint Rapt est aussi une collectionneuse hors norme, stimulée par la radicalité de sa culture. Elle nous livre ici une part de sa collection, essentiellement consacrée aux bijoux de créateurs contemporains.

Cette collection tire indubitablement sa force et son originalité de son intime relation au corps, osant l’audace des volumes et des matières en jeu. En ce sens, Solange Thierry de Saint Rapt est une artiste qui envisage la parure à travers le prisme de la performance, mais non sans allusion aux parures rituelles, celles des mariées au Maghreb, en Inde, ou des portraits royaux de la Renaissance.

Que l’on ne se méprenne pas, collectionneuse engagée, elle évolue dans un univers parfaitement concret, nouant des liens privilégiés avec les créateurs auxquels, dans certains cas, elle passe commande d’objets exceptionnels, quand ce ne sont pas les créateurs eux-mêmes qui les lui proposent.

Chez Alina Alamorean transparaît le désir d’en découdre avec toutes ces choses dont le monde n’a plus que faire et chez Marianne Anselin, on décèle au premier regard l’intérêt qu’elle porte au métal, rouillé de préférence. L’usure la séduit. Pour Daniel von Weinberger « Il faut revaloriser les matériaux », il leur offre une seconde vie, fertile et surréelle. Les créations de Valérie Egée impressionnent par leur présence, par la force qui s’en dégage. Les formes s’expriment avec une éloquence archaïque. En plasticienne, Agathe Saint Girons mêle volontiers des matières de nature radicalement différentes, téflon et ivoire ou fourrure et verre soufflé, tandis que les bagues de Patricia Lemaire font la part belle aux parures animales ou à l’évocation de la nature et de sa beauté fragile. Jacques An Lanh aime se laisser surprendre par les matériaux qu’il préfère « rares et peu employés en joaillerie », il voyage à leur recherche. Faust Cardinali se plaît à créer d’étranges rapprochements et des portés non moins curieux. Chez Jean Boggio, l’architecture se traduit en matériaux précieux. La pureté des lignes, l’économie de formes et de couleurs président aux créations de Giampaolo Babetto, quant à Gilles Jonemann, le goût des matériaux naturels inusités, coquillages, graines ou noix de coco signe l’infinie délicatesse de ses créations… Bref, une collection incomparable par sa diversité, sa qualité et sa complétude.














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