Corps de pierre Gisants de la Basilique de Saint-Denis François-Olivier Rousseau Photographies Patricia Canino
L'Abbatiale de Saint-Denis présente aux visiteurs le plus bel ensemble au monde de monuments funéraires dont nombre d'entre eux proviennent d'édifices détruits au cours de la Révolution. Autour de 475, sainte Geneviève éleva la basilique pour y abriter la tombe du saint martyr Denis, et c'est vers 570 que fut inhumée la première personne
royale Arégonde, seconde femme de Clotaire ler. S'y succédèrent alors la quasi-totalité des rois et des reines de France. Esthète, François-Olivier Rousseau, dans une prose virtuose nous invite à relire l'histoire des Rois de France avec le détachement d'un authentique moraliste. Au cours des siècles la représentation de la mort change. Les rois d'antan s'y abandonnaient au soir de la bataille de leur vie, fourbus et tout habillés, comme on se laisse tomber sur son lit, et aussitôt après, dans le sommeil au bout d'une journée épuisante. Puis, avec Philippe III le Hardi (1285) s'inaugure une technique nouvelle : le gisant de marbre blanc repose sur une dalle de marbre noire. C'est un prince avenant qui nous sourit dans la mort. Pour l'éternité, les rois dorment les yeux ouverts. Au XV° siècle, la statuaire se fait plus réaliste, et au XVI° siècle l'homme de la Renaissance a perdu cette foi naïve en la béatitude éternelle et ses doutes altèrent son art. Chargé d'immortaliser la mort, il ne sait quel visage il doit présenter d'elle; il hésite entre la convention et le réalisme désespérant Enfin les Bourbons préfèrent mettre leur splendeur dans leur palais plutôt que dans leur tombeau. Aujourd'hui c'est surtout de notre propre sommeil que ces dormeurs nous parlent. "Il faut bien que la mort vive!" disait Antonin Artaud. Patricia Canin° nous propose un choix des plus intéressants gisants avec la maîtrise et la somptuosité de son langage photographique.
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