Le peintre d’icônes Domenikos Theotokopoulos, né en Crète en l’an 1541, émigre à Venise et à Rome durant la décennie 1567-1576, puis s’établit à Tolède où il va vivre la seconde moitié de son existence et y décéder en 1614. De par sa trajectoire, celui qui est désormais connu sous l’appellation hybride d’El Greco (espagnole par l’article et italienne par le surnom) synthétise, à sa manière novatrice, l’esthétique du christianisme méditerranéen - la peinture byzantine, le maniérisme italien, la Contre-Réforme du siècle d’or espagnol. Lettré, passionné d’architecture et de beaux-arts, de philosophie et de théologie, ce contemporain de Shakespeare et de Cervantès a encore la « vraie foi ». Ami de prélats humanistes, spiritualiste avant l’heure, hanté par le cauchemar des guerres de religions, il sublime ses errances et ses doutes en unissant le corps, la sensation, l’émotion et l’esprit au sein de ses œuvres singulières, qu’il veut non seulement « efficaces » mais « véridiques ». Ayant sombré dans l’oubli pendant plus de deux siècles, El Greco sera redécouvert vers la fin du XIXe siècle avant d’être considéré comme l’un des peintres précurseurs de notre modernité. Son message expressif de vie et de survie - à la fois charnel et mystique - demeure d’actualité.
Pascal Amel, romancier et écrivain d’art, vit entre Paris et Essaouira (Maroc). Il a notamment publié Paul Gauguin, Portrait de l’artiste en prophète bénéfique, en 2014, et Rembrandt l’humanité, en 2016, aux éditions du Regard. En 1998, il crée, à Essaouira, le Festival de la culture des Gnaoua. En 2002, il co-fonde, à Paris, la revue bimensuelle « Art Absolument » ; et, en 2017, Planet Essaouira, un studio d’enregistrement et de création musicale, situé dans cette même ville.