Comme une traversée de cet espace singulier qui se définit dans l’œuvre de Jean Pierre Raynaud, ce livre retrace, à travers la diversité de ses créations, un parcours artistique dont la richesse, la force et la complexité se traduisent, toujours, par une économie formelle exemplaire.
L’espace est l’une des composantes de chacune de ses créations, au même titre que les objets promus par son geste d’artiste au rang d’œuvres d’art. Et si La Maison, à la fois œuvre et architecture, habitée, transformée, renouvelée durant vingt-trois ans par l’agencement d’espaces de carreaux blancs soulignés de joints noirs, est une illustration parfaite de sa méthode, chacun des lieux qu’il investira par la suite et toutes ses créations, du pot au sens interdit, emblématiques, en passant par les psycho-objets agissent sur l’espace : « Je pars de rien, du vide, chaque objet va avoir une conséquence. » dit-il. Son espace mental, sa vigilance face aux dérives du monde dans lequel nous vivons, sa conscience aiguë de cette distance qui sépare la naissance de la mort et relie les humains à travers les siècles, entame ainsi un dialogue d’une intensité troublante avec le regardeur.