S’aventurant aux limites de son art, Jean Fautrier a été peintre par soucis de lumière – lucidité et fièvre – se remettant plus d’une fois en cause, et radicalement, il repense à chaque instant le fondement même de l’acte de peindre. De 1926 à 1930, il invente une première cime de peinture, lui donnant, après 1940, un des accomplissements parmi les plus hauts qui se puissent rêver.
Fautrier a largement contribué à écrire l’histoire de la peinture de son temps.
Ce livre s’efforce de suivre un tel créateur dans son ample cheminement. Dès lors se voient constituer aussi bien les quelques tableaux d’annonce qu’il a réalisés en 1924-1925, la première grande époque d’aboutissement (1926-1930) culminant avec les animaux, les nus, les natures mortes ou les paysages, le retrait en soi qui occupe le peintre de 1931 à 1938, puis bien évidemment, dès 1940 et jusqu’à sa mort, cette seconde période de sa vie de peintre que marque l’apparition des hautes pâtes, ce que l’on a nommé sa période informelle. Son œuvre peinte, l’huile d’abord, technique mixte ensuite, son œuvre dessinée, la portée de son œuvre sur papier, pastels, gouaches, buvards, voilà ce que prend en compte ce livre qui par la reproduction des œuvres majeures s’est donné pour but de ressaisir Fautrier tel qu’en lui-même.
Soutenu par un texte critique dont la compréhension objective s’allie à la beauté du style, Yves Peyré situe avec fougue et précision la place de Fautrier – unique – dans la seconde moitié du XXème siècle.