Anachronique, hors mode, la très riche œuvre de Daniel Hourdé, polymorphe et polysémique, tout à la fois tragique et ludique, s’inscrit éthiquement dans le lignage du christianisme, et formellement dans celui du maniérisme.
Dessins, installations, sculptures : l’œuvre est multiple, mais c’est sans nul doute la sculpture qui se situe au cœur de son travail.
Géants sublimes dont les corps athlétiques et nerveux évoquent la tradition des « écorchés », motifs récurrents de la Croix et de la couronne d’épines, de la Chute et de la Rédemption, squelettes, tout semble inviter à une méditation sur la Vanité du monde.
Pourtant, cette mélancolie qui irrigue l’œuvre se voit sans cesse remise en cause par l’insertion de motifs ludiques, de titres drolatiques et d’emprunts à la culture Pop.
L’orange, couleur fétiche de l’artiste, dynamise une œuvre complexe qui célèbre tout à la fois le tragique et la farce, l’effondrement et le rire.
Et, comme l’art et la vie ne font qu’un chez Daniel Hourdé, c’est dans un vaste atelier éminemment théâtral, tout à la fois cabinet de curiosités, cocon, lieu magique et mortifère, palais baroque, bunker – que vit et œuvre l’artiste, tel le dandy de Huysmans.
« Ma maison, c’est un peu mon laboratoire intime où je garde, un peu prisonniers c’est vrai, tous les égarements de mon imagination ».
Ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure, agrégée de philosophie, critique d’art, Dominique Baqué est l’auteure de nombreux ouvrages, préfaces, articles, portant sur l’image, l’art contemporain, la photographie plasticienne.
Entre autres, chez Flammarion : Pour un nouvel art politique, et L’Effroi du présent. Figurer la violence.
Aux Editions du Regard : La Photographie plasticienne, l’extrême contemporain , Visages, Mauvais genre(s), Histoires d’ailleurs, et des monographies : Anselm Kiefer, ente mythe et concept, et Cy Twombly, sous le signe d’Apollon et de Dionysos.
Helmut Newton. Magnifier le désastre.