Afin de célébrer la panthéonisation de Maurice Genevoix et rendre hommage aux morts de de la Première Guerre mondiale, le président de la République, Emmanuel Macron, s’est adressé à deux créateurs, l’un allemand vivant en France depuis plus de trente ans, l’artiste Anselm Kiefer, et l’autre français, alsacien-lorrain, le compositeur Pascal Dusapin. L’importance de cette commande publique est d’autant plus significative que, depuis un siècle, aucun artiste contemporain n’est entré au Panthéon de manière pérenne.
Double choix judicieux s’il en est si l’on songe que, d’une part, l’oeuvre de Kiefer depuis ses origines se nourrit de l’Histoire, celle de l’Allemagne à jamais souillée par l’infamie du IIIe Reich, mais celle aussi des femmes de la Révolution, des reines de France ou encore des mythes de l’Antiquité – sans oublier que, à l’instar de Genevoix, Kiefer ne cesse de travailler sur une certaine mémoire traumatique. De Pascal Dusapin, d’autre part, nous connaissons ses admirables compositions et en particulier son Penthesilea créé en 2015, violent chant d’amour, âpres affrontements entre deux amants, Penthesilée et Achille, que l’Amazone finira par dévorer avant de se donner la mort.
Dans le Panthéon, sanctuaire laïque de l’âme républicaine, Kiefer propose six vitrines « châsses » à l’intérieur desquelles s’écrit l’histoire de la Grande Guerre – celle de toutes les guerres. Dusapin, quant à lui, met en place un dispositif sonore ultra sophistiqué de manière telle que les voix, tour à tour chantées ou parlées, égrenant le nom des soldats, se répandent dans l’espace sans que la mélodie d’aucune d’entre elles ne prédomine.
Pascal Bruckner, né le 15 décembre 1948 à Paris, est un romancier et essayiste français. Il est l’auteur entre autres essais, de La Mélancolie démocratique, La Tentation de l’innocence, Le Paradoxe amoureux… Et de romans, Qui de nous deux inventa l’autre ?, La Maison des anges, Un an et un jour… Ainsi que de nombreux articles.