Posthume sur mesure
Maurice Matieu

 

Sept auteurs – Barbara Cassin, Juliette Simont, Alain Badiou, Abdelwahab Meddeb, Jacques Rancière, Philippe Sergeant, Pierre Verstraeten - donnent leur point de vue sur cette trajectoire complexe du peintre en choisissant les dimensions, les dessins et les toiles qui les touchent, jusqu’à ce que l’ensemble construise son Posthume sur mesure.

Stéphane Douailler : Je propose qu’on revienne sur l’ensemble de ta trajectoire puisque enfin de compte c’est Posthume sur mesure.
Maurice Matieu : Maintenir une complexité, essayer d’échapper totalement au romantisme et tout centrer sur la conception d’un nouvel espace. Le travail antérieur cherche à effacer toute subjectivité, même si, dans ce travail antérieur, les choix sont subjectifs. Je suis étonné de l’abêtissement de la littérature. Comme s’il n’y avait pas d’autres matériels que sa biographie. Sa biographie devient une écriture. Proust aussi s’est servi de sa biographie, mais ce n’étaient que des éléments d’une construction. Je préfère réfléchir ailleurs, traîner dans la littérature, dans les mathématiques. En peinture, je ne suis que les libertés prises par mes mains.
S. D. : Ce que je connais de ton travail, c’est qu’il a côtoyé toute une série d’événements historiques. On pourrait prendre tes séries par rapport à des grands moments de l’histoire : Les révoltes des années 60, l’éveil de l’Europe avec Solidarnosc. J’en oublie forcément : ta façon personnelle de célébrer le bicentenaire de la Révolution française, ton engagement avec les peintres irakiens. Ta peinture n’a cessé d’accompagner les grandes scansions de l’histoire. C’est à cela que je pensais en tant que trajectoire.
M. M. : C’est d’ailleurs ce qu’on me reproche. Mes premières tentatives en peinture ont tourné autour de la guerre d’Algérie. Dovecar et Piegt, deux légionnaires fusillés, alors que Jouhaud et Salan ont fini comme Franco dans leur lit. Les derniers tableaux de Ecce homines, ecce homo, Rêver à Robespierre, sont un commentaire de la phrase d’Œdipe à Colonne de Sophocle : « Quand on a eu la malchance de quitter le néant, le plus urgent est d’y retourner ». J’avais pris cette phrase comme emblématique du politique : si on a la malchance de quitter le politique, il vaut mieux retourner au néant. »
Extrait de Posthume sur mesure (Entretien avec Stéphane Douailler)


Bibliographie
1984 - Dérisoire, entretien Jean Claude Meunier Maurice Matieu. Actes- sud.
1985 - Dissonance, Aillaud, Matieu, Rougemont, Toroni, Jean Borreil, Actes-sud.
1987 -Voir et dire, débat avec le peintre Maurice Matieu, Le cahier du collège international de philosophie n°4, éditions Osiris.
1989 - La ronde ou le peintre interrogé, entretiens d’hier et d’aujourd’hui de Radio France-Culture Philippe Sergeant Maurice. Matieu, texte établi par Armelle Auris. L’harmattan.
1990 - Lettre de Paul Cézanne à Félix Klein, Jean Borreil Maurice Matieu, Le cahier du collège international de philosophie n°8, éditions Osiris.
1991 - Atelier I,  Jean Borreil Maurice Matieu, L’Harmattan.
1995 - Maurice Matieu ou l’insoumission, Philippe Sergeant, Actes-sud.
2000 -Voir Hélène en toute femme, Barbara Cassin Maurice Matieu , Les empêcheurs de penser en rond. Ecce homines ecce homo, Rêver à Robespierre, Pierre Verstraeten, Art of the century New York.
2001 - La banalité du massacre, Maurice Matieu, Actes-sud.
2002 - Sous X, Barbara Cassin Maurice Matieu Philippe Sergeant, Actes-sud.
2007 - Publication des conférences d’Amérique Latine, Paris, L’Harmattan (coll. La philosophie en commun) Posthume sur mesure, Barbara Cassin, Juliette Simont, Alain Badiou, Stéphane Douailler, Abdelwahab Meddeb, Jacques Rancière, Philippe Sergeant, Jean Borreil, Maurice Matieu , Editions du Regard.
Trois infinis plus un, Maurice Matieu Le seuil
















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