Dans Autoportrait, Jean Pierre Raynaud s’approprie la temporalité du livre pour retracer à partir de textes personnels rédigés au fil de la plume et d’un choix d’œuvres emblématiques, son parcours artistique depuis 1962.
Autoportrait ? Autobiographie ? Livre d’artiste ? L’ouvrage entièrement conçu par l’artiste révèle toute la violence d’un plasticien profondément marqué par le cours de sa vie, mais aussi son aspect intime, délicat, voire politique.
Les textes réunis, extrêmement concis et fragmentés, rendent compte de manière fulgurante de la pensée de Raynaud et permettent de prendre la mesure de son engagement tant esthétique que personnel.
Depuis les sens interdits et ses premiers assemblages, jusqu’aux pots de fleurs, les carreaux, les drapeaux ou encore son rapport à la peinture, Raynaud s’est constitué un langage plastique complexe et pour le moins singulier dont la charge expressive et la dramaturgie se fondent sur un vocabulaire extrêmement simplifié. En s’appropriant les signes et les objets du quotidien, dont il interroge à la fois la valeur symbolique et les qualités esthétiques, en 1965, l’artiste, selon Alain Jouffroy, , « opère avec force ce renversement de signes sans lequel la transformation du monde en phénomène de la pensée, la transformation de la vie en art, et de l’art en vie, ne peut et ne pourra s’opérer ».
Une conception de l’art qui prend tout son sens avec ses projets architecturaux et notamment à travers la maison de la Celle Saint-Cloud – œuvre d’art totale représentant l’aboutissement de 24 ans de recherche –, le Mastaba à la Garenne-Colombes – aujourd’hui transformé en centre culturel –, et les ateliers de Barbizon où l’artiste donne libre cours à sa passion pour la nature et l’Extrême-Orient.
Livre/exposition où le commissaire/auteur ne serait autre que l’artiste lui-même, Autoportrait est une plongée dans l’univers visuel et mental de l’un des plasticiens les plus significatifs de notre temps.