Figure majeure quoique totalement singulière de l’art américain, Cy Twombly est ce peintre qui a choisi le dessaisissement et l’exil en terre marocaine puis italienne, contre la prédominance de l’expressionnisme à la Pollock, mais aussi et surtout contre la critique et la culture américaines.
Féru de littérature gréco-latine, de poésie et de mythes, Twombly est un artiste raffiné et hédoniste, dont l’œuvre est traversée par de multiples références à Platon, Virgile et Ovide, mais aussi à ces mythes fondateurs que sont Orphée, Narcisse, Léda et le cygne, la naissance de Vénus, mais encore à la poésie romantique de Keats et à celle de Rilke.
Des toiles blanches aux sombres « tourbillons », des « gribouillis » à l’expansion chromatique des dernières peintures, sans oublier la sculpture et la photographie qui accompagnent son parcours, Twombly a incarné une oeuvre à la fois épurée et sensuelle, placée sous le double signe grec et nietzschéen d’Apollon et de Dionysos.
L’érotisme irrigue un corpus qui chante l’existence et la chair , depuis les trois « Fuck » adressés rageusement à la critique américaine et les représentations phalliques qui scandent toiles et dessins jusqu’à l’épanouissement poignant des roses – les ultimes peintures.